Le coronavirus circule, rapidement et tragiquement. Si l’Europe est encore touchée de plein fouet par la pandémie venue de Chine, les États-Unis semblent être désormais devenus le nouvel épicentre de la maladie. De plus en plus, l’attention se porte également vers les pays en développement. Les chiffres y sont sûrement sous-évalués en raison du manque de moyens pour dépister. Néanmoins, au mercredi 8 avril, 10 000 cas positifs et 500 décès avaient été recensés en Afrique. Le continent a plutôt été épargné par la pandémie jusqu’à présent. Aucune explication n’a pu être apportée pour le moment. Mais cette menace soulève de grandes inquiétudes.
Cet article vous présente alors quelques-uns des défis que le coronavirus pose aux pays en développement en mettant une emphase particulière sur l’Afrique, où se situent la plupart des partenaires des projets de développement du SEL, de nombreux centres de parrainage et où la situation est la plus préoccupante.
Un confinement quasiment impossible
Pour essayer d’enrayer la propagation du virus, la plupart des pays n’ont eu d’autre choix que de confiner leur population. D’ailleurs, vous lisez peut-être vous-mêmes ces lignes en étant astreint à domicile depuis plusieurs jours maintenant. Quelques pays africains ont pris des mesures dans le même sens. Cette distanciation sociale fait ses preuves pour aplanir la courbe des contaminations mais sa réalisation est plus complexe dans les pays en développement. En effet, la plupart des gens y gagnent leur vie au jour le jour, au moyen d’un travail effectué à l’extérieur. Kinshasa a ainsi repoussé la mise en place de telles mesures. Au Bénin, le Président de la République, Patrice Talon a assumé l’impossibilité d’un confinement global : « Comment peut-on, dans un tel contexte où la plupart de nos concitoyens donnent la popote avec les revenus de la veille, décréter sans préavis, un confinement général de longue durée ? ». Si le degré d’intensité des mesures est fluctuant d’un pays à l’autre, les différents gouvernements ont quand même mis en place des restrictions de rassemblements ou de déplacements. Or, ces décisions ont des répercussions inévitables sur l’économie et sur le pouvoir d’achat des populations locales.
Des actions préventives possibles mais compliquées
Les pays en développement sont généralement plus habitués à faire face aux épidémies. Tirant partie de l’expérience malheureuse du virus Ebola, plusieurs pays africains ont rapidement mis en place des mesures de prise de température systématique dans les aéroports. Ces actions préventives ont sûrement été bénéfiques pour ralentir la propagation du coronavirus. Malheureusement, un certain nombre d’obstacles se dressent aussi devant eux. Le manque de moyens ne leur permet pas de pouvoir pratiquer un dépistage à grande échelle comme le préconise pourtant le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus : « Nous avons un message simple à tous les pays : testez, testez, testez les gens ! ». Parallèlement, si la sensibilisation des populations est l’une des clefs du succès face à la maladie, il faut aussi reconnaître que les désormais célèbres « mesures barrières » peuvent être plus compliquées à mettre en place dans les pays en développement. Augustin Augier, membre d’une ONG d’urgence sanitaire en Afrique, souligne ainsi que « se laver les mains régulièrement dans un continent où l’accès à l’eau est difficile pour la majorité de la population ne va pas être simple ».
Des systèmes de santé insuffisants
Si la situation des pays en développement inquiète tant alors qu’ils sont encore relativement épargnés, c’est parce que leurs infrastructures sanitaires connaissent de nombreuses carences. Si déjà les hôpitaux européens ont pu se trouver débordés par la pandémie, qu’en serait-il des systèmes de santé des pays en développement ? À titre d’exemple, « l’Afrique de l’Ouest compte 0,3 lit d’hospitalisation pour 1 000 habitants là où la France en compte 6,6 ». Originaire de l’Éthiopie, le directeur de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a ainsi mis en garde avec gravité le continent d’où il vient : « Le meilleur conseil à donner à l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès aujourd’hui. » Certains spécialistes s’inquiètent d’ailleurs d’avoir à faire avec le coronavirus à un tueur silencieux, faute de détection et de capacité à relier les décès à la maladie.
Un défi financier
Les habitants des pays en développement sont généralement plutôt jeunes. En Afrique, c’est indéniable : 60 % de la population a moins de 25 ans ! Si la pandémie touche toutes les générations, le taux de mortalité est malgré tout plus élevé chez les personnes plus âgées. Cette particularité est sûrement favorable aux pays en développement mais il ne leur est pas possible de se reposer dessus. La pandémie causerait quand même de nombreux morts. La mise en place de mesures est alors indispensable. Seulement, elles nécessitent des ressources dont les pays en développement ne disposent pas. « L’ONU appelle, dans un rapport publié par la Cnuced le 30 mars, à leur fournir une aide de 2 500 milliards de dollars qui comporterait notamment une annulation ou un report de la dette africaine pour 236 milliards de dollars. » Les défis ne manquent donc pas et les prochaines semaines vont être décisives !